“Terrain”

TERRAIN
Médiscie, Saint-Crespin –
Une exposition collective et à ciel ouvert
avril à juillet 2019

TERRAIN

Un chien qui patiente – l’ombre d’un animal proche de l’Homme
– des lueurs de flamme dans les yeux –
Amas de graines, nichoir, plumes, branchages, feuillages, toiture et ciel
– objets disposés comme une invocation du volatile proche du divin –
– un terrain d’atterrissage –
Répondront-ils aux signaux lumineux envoyés ?
Quels serraient les incantations à prononcer?

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Omniprésents
Les oiseaux sont omniprésents.
Perchés sur les cimes, cachés dans les buissons,
posés sur nos toits et nos cheminés,
voltigeant dans les cieux ;
Ils se trouvent partout.

Omniscients
Les oiseaux sont omniscients.
Ils nous observent depuis leur hauteur.
Les mythes et légendes racontent leurs affinités avec le divin ;
content les messages qu’ils transmettent aux humains ; décryptent leur étrange langage ;
Les oiseaux sont savants.

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Il entend, il sent,
à la volonté du maître : chien cherche !
Il court, il joue,
à la volonté du maitre : chien couché !
Il aboie, il alerte,
à la volonté du maitre : chien mord !

Maître est occupé
Assis, museau vers le haut : chien observe le ciel
Maître a le dos tourné
Seul, oreilles attentives : chien parle aux oiseaux
Maître est ignorant
Cui – cui ! Cui – cui ! Comme chien est bon confident !

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Dominique Gong est plasticien et diplômé de l’EsadHaR, le Havre-Rouen. Né de parents d’origine chinoise rencontrés en France, Dominique manipule des cultures dont il aime en associer les formes, en remanier les couleurs, additionner ou en soustraire les attributs.

Polyvalent, il emploie la broderie comme peinture, la coulée de plâtre comme dessin, le jardinage comme application de couleur, Dominique ausculte des savoir-faire et élabore des passerelles entre eux ; multiplier ses médiums permet de se donner le choix.

Le Yi-Jing : livre de sagesse, méthode de divination chinoise basé sur le hasard, ou encore aide à la décision, devient guide et méthode de travail pour sa réflexion sur les oiseaux.
« Protection provenant du ciel. Signe d’aide du ciel. » tels sont désignés les pigeons par l’oracle. Ces quelques mots donnés par la prophétie ont révélé ces volatiles et les mythes et légendes venant du monde entier. Au départ nuisibles et salissants, les pigeons sont devenus sacrés et bienveillants.

Le Yi-Jing lui permet alors d’écrire sa mythologie personnelle.

“Sign of Help From the Sky #1 et #2” 2018 – 2019
Sculpture brodée, pâte de porcelaire, fil de fer, résine 25×10 cm

Le pigeon est l’oiseau prophète de ma mythologie personnelle. Il s’agit de l’oiseau désigné par le Yi Jing comme une aide venant du Ciel.
Cet animal perçu comme nuisible aujourd’hui, il a été autrefois vénéré et sanctuarisé. Les Babyloniens et les Egyptiens, les voyant se poser sur les toits des bâtiments religieux, tel les temples et les pyramides, interprétaient des affinités entre dieux et pigeons. Les pigeons se sont alors vus attribués un rôle d’intermédiaire dans de différentes croyances, comme le témoigne une légende antique et commune à de nombreuses civilisations : celle du Déluge. C’est une colombe qui annonça à Noé la baisse des eaux, un rameau d’olivier dans le bec. Utilisés comme messagers ou élevés pour leur viande, un grand nombre de races de pigeon ont finalement été créées par l’Homme.

“Chien” 2019
Papier mâché, plâtre, goudron, 70x50x60 cm

Le chien est un animal proche de l’homme. Toujours à nos côtés, il connaît nos rythmes de vie, nos comportements, nos langages.
Le chien descend du loup. Historiquement, il semblerait que ce sont les loups les moins peureux qui se sont rapprochés et qui se sont alliés aux Hommes. La domestication pourrait se résumer à un échange de services ; le loup protège l’Homme et l’Homme le nourrit. Il vit aujourd’hui dans nos foyers. Ce qui ferait de lui un excellent espion au service des oiseaux, qui eux sont proches du Ciel. Leur point commun serait la création de nombreuses différentes races par l’Homme ; ainsi qu’un accompagnement archaïque et expérimenté.

“Chien de Jardin” 2019
Pastel gras sur carton, résine, 40×30 cm

J’ai eu un chien, il était installé dans une cabane de jardin. Il a eu pour territoire une grande pelouse clôturée par de grandes rangées de haie. Notre jardin était également bordé de grands arbres ; les oiseaux s’y posaient régulièrement, et y faisaient parfois leur nid. Dans mes souvenirs, mon chien respectait les oiseaux qui venait chercher de la nourriture dans la terre ; alors qu’il se mettait à défendre le terrain lorsqu’il s’agissait de rongeurs, de hérissons ou de chats. Pendant ses siestes, il pouvait se réveiller en sursaut pour un rien, mais pas pour un oiseau. Un volatile pouvait bien se poser sur le chien, j’imagine qu’il ne prendrait pas la peine de le chasser.
Les oiseaux devaient savoir que mon chien était bon.

“Sans Titre” 2019
bois, liège, plumes teintes, traitement déperlant, pomme de pin & graines

“Sans Titre” 2019
Plâtre à la poche à douille, peinture glycéro, dimensions variables

Couler le plâtre serait une manière dessiner. On peut tracer des lignes, réaliser des applats; et une fois solide, on peut le redresser, le mettre en espace et tourner autour. Lorqu’on regarde un nuage on en voit qu’une certaine surface et en oublie souvent le volume. Une ligne de dessin pourrait alors avoir une certaine profondeur, une épaisseur, matérialisée par le plâtre.